samedi 14 novembre 2015

Paris meurtrie, Namur groggy

L'internat de l'ITCA à Suarlée, une belle ambiance, un repas raclette, la certitude de faire une bonne action pour améliorer encore le confort de ces jeunes qui vivent à proximité de leur école toute l'année.  Puis, le retour à Andenne, machinalement, on allume la télé et l'horreur nous arrive!  Nue, crue, violente.  On sent monter l'émotion, l'impuissance, la révolte.

Avec les attentats de Charlie Hebdo, on était solidaire avec les journalistes et on se croyait à l'abri dès qu'on ne travaillait pas dans les média.  Ici, l'horreur est complète car ceux qui sont tombés étaient choisis au hasard!  Personne n'est protégé.

Pour se rassurer ce matin, on lit, on s'informe, la télé, la radio, le net, les réseaux sociaux, tout y passe.  Et on relève les réactions: "Et là, tu penses à cette femme voilée qu'on regardera de travers demain, à ces réfugiés qu'on rejettera encore plus, à ces gens qui devront se désolidariser d'êtres avec qui ils ne partagent absolument rien, tu penses à la récupération politique de cette salope de Marine Le Pen et ses acolytes au sujet d'un drame dont on ne connaît encore rien et surtout tu penses à toutes ces familles brisées...", explique sur sa page Facebook, une syndicaliste.

Et puis on pense à ses collègues parties à Paris pour un colloque, à cette cousine qui vit au cœur de la capitale française. Heureusement, Namur n'est pas restée inactive.  Bien sûr, il y a ces réfugiés qu'on va diaboliser et qui ne comprendront pas pourquoi.  Bien sûr, les chiens qui se sont déchaînés à Walcourt ou ailleurs, tenteront encore de donner de la voix.  Bien sûr, on fera des amalgames entre les réfugiés et les terroristes, l'aide aux réfugiés et le manque d'aide aux chômeurs ou aux SDF.  

MAIS,

y a-t-il vraiment un classement, une hiérarchie à instaurer dans la misère humaine?  Les sangs musulmans, catholiques ou juifs n'auraient-ils plus la même valeur, la même qualité?  Alors, oui, nous pouvons être fiers de la réaction namuroise.  L'aménagement du lieu d'accueil de Belgrade, l'élan de solidarité qu'il a suscité, la réaction de certains habitants de Walcourt pour exprimer leur honte et leur désaccord avec cette première rencontre malheureusement télévisée, tout cela participe à notre sentiment, non pas de satisfaction, mais d'espoir!  

Enfin, il faut saluer le travail de fond, d'explication, d'éducation, de sensibilisation entamé par le Centre d'Action Interculturelle de la province de Namur aidé par la Direction des Affaires sociales et sanitaires de la Province de Namur.  A chaque fois que nous luttons contre l'illettrisme, à chaque fois que nous œuvrons pour plus de solidarité alimentaire, pour plus de cohésion sociale entre les générations, contre la violence domestique ou toute forme de racisme, xénophobie ou ostracisme, nous faisons reculer l'obscurantisme qui constitue le terrain fertile du terrorisme et de l'extrême droite. 

Malgré les coups, il faut rester debout et dominer nos peurs! 

mardi 10 novembre 2015

Handicap et maternité: l'impossible mariage?

Chouette aventure humaine

Depuis près d'un mois, sur les ondes de la Radio Universitaire Namuroise, chaque vendredi entre 18 et 19h, dans l'émission Namurchouette, vous êtes nombreux à suivre la chronique d'Estelle, une jeune trentenaire moins valide. Aujourd'hui, nous lui avons demandé de nous décrire son rêve le plus fou.

Namurchouette: Bonjour Estelle, aujourd'hui, on entre un peu plus dans ton intimité.

Estelle: Oui, je voulais vous parler de mon désir de vouloir devenir maman.  Comme souvent, les personnes qui me regardent s'arrêtent au fauteuil.  Mais ce dernier n'empêche rien et sûrement pas les sentiments. Bien sûr, dans mon cas, tout a été plus dur.  J'ai dû parlementer un peu plus avec ma mère pour imposer l'idée d'un petit copain.  Un jour, j'imagine comme toutes les jeunes filles, j'ai exprimé le désir de dormir avec lui. Cela a éveillé chez ma mère les pires craintes.

N.C.: Et tu as tenu bon?

Estelle: Oui, je lui ai dit: "Maman, je ne suis plus un bébé.  Non, ce ne sera pas facile car il est voituré comme moi.  mais nous sommes deux adultes consentants. Aujourd'hui, je pense qu'elle a admis l'idée.

N.C.: Et donc, la maternité, ce n'est jamais qu'une étape en plus, non?

Estelle: Oui mais dans mon cas, c'est un peu une étape de trop.  Maman n'est pas du tout d'accord avec cette idée.

N.C.: Comprends-tu ses réticences? 

Estelle: Oui, raisonnablement, ce n'est pas possible. Concrètement, il existe bien des aides mais cela coûte très cher.  Et puis, si un bébé arrivait dans notre vie, même si nous serions les parents les plus comblés du monde, nous ne saurions pas trop comment nous en occuper au début.  Par la suite, avoir deux parents voiturés, cela doit être lourd à gérer pour un enfant vis-à-vis de son environnement extérieur, de ses camarades à l'école ou ailleurs.

N.C.: Et que comptez-vous faire?

Estelle: Même si la raison n'empêche pas la passion, je crois que nous devrons nous résoudre à accepter cette limite aussi cruelle soit-elle.  Je ne pense pas que je sois mère un jour.  Pourtant, j'adore les enfants et quand j'en vois, je leur souris et souvent, ils me rendent ce petit rayon de soleil.  Quand je peux avoir un enfant dans les bras, je suis la plus heureuse des femmes mais, voilà, c'est comme cela!




dimanche 8 novembre 2015

Jean-Louis Close rêve d'un grand piétonnier pour Namur

Namur Politique

La dalle de la gare, le parc Léopold et le grand centre commercial, trois expressions qui pourrissent la vie politique namuroise depuis des années.  Les différents groupes du Conseil communal s'opposent quant à la manière d'envisager les choses.  Loin de l'opposition systématique, le groupe PS a décidé de sortir du bois pour donner sa vision pour le futur de la capitale wallonne.

La gare de Namur est sans doute une des plus vieilles et des plus belles du sud du pays.  Joliment restaurée il y a quelques années, elle a ouvert de nombreuses perspectives d'évolutions urbanistiques. En effet, une dalle doit la recouvrir.  Encore faut-il savoir qu'en faire.  Pour la majorité communale, il s'agit d'y aménager une seconde gare des bus qui accueillera, via un pont haubané, les véhicules reliant les différentes villes de la province à Namur.  
L'initiative ne fait pas l'unanimité et un groupe de pression a déposé un recours contre le permis de bâtir du fameux pont haubané.  L'auditeur s'est déjà positionné contre ce permis et on attend donc la décision officielle.

Il n'en fallait pas plus à l'opposition socialiste pour montrer le bout de son nez.  La dalle, la gare des bus, le centre commercial et la destruction du parc Léopold, pour les socialistes, ça suffit!  Loin du tumulte des séances du Conseil communal, Namurchouette a reçu Jean-Louis Close, un grand sage de la politique namuroise.

"On trompe les Namurois, s'exclame-t-il.  On ne leur a pas expliqué clairement que Namur allait bénéficier de deux gares des bus.  Cela signifie, concrètement, que la petite rue Borgnet verra passer un bus toutes les 30 secondes.  Impensable!"

Mais ce n'est là qu'un maillon dans le raisonnement de l'ancien bourgmestre.  "Notre vision de Namur est celle d'une ville à taille humaine.  nous ne sommes pas Bruxelles, Liège ou Charleroi.  ce qui plaît ici, c'est la douceur de vivre.  Une deuxième gare des bus ne servira à rien.  nous nous proposons de couvrir toute la gare, d'abandonner ce projet de centre commercial auquel les Namurois ont dit non. Il est à noter que leur avis a été balayé d'un revers de main."

Pour Jean-Louis Close, si l'architecture de la gare est plutôt agréable, son utilisation n'est pas optimale.  "Quand vous devez déposer un enfant qui prend le train, vous ne savez plus le faire, il n'y a plus de dépose-minute.  Les bus ont pris toute la place, c'est infernal!  Il faut prévoir une circulation souterraine."

Et le centre commercial?  Pour Jean-Louis Close, il va tuer un commerce local vivace.  "J'ai appris avec satisfaction que Namur était une des dernières villes à avoir encore des disquaires indépendants. Nous disposons aussi de nombreuses librairies et on se félicite de l'arrivée de la FNAC.  Moi, je ne m'en félicite pas!  Un centre commercial constitue un cadeau de 22.000 mètres carrés qu'une institution publique fait au secteur privé.  Cela aura pour conséquence d'enfermer les clients potentiels. Je n'ai jamais été favorable aux centres commerciaux à l'extérieur de la ville, ce n'est pas pour accepter la présence d'un centre à l'intérieur des murs de Namur."

Et la vision va plus loin.  "Il faut vivre avec son temps. Aujourd'hui, la place de la voiture est à l'extérieur de la ville.  il faut donc aménager un vaste piétonnier qui va du dessus de la rue de Fer au Marché Saint-Rémy.  Il faut multiplier les parkings souterrains et les parkings de dissuasion.  On peut en prévoir un sous la place Saint-Aubain, sous la place du Grognon.  Il faut aussi que la ville soit parcourue par de petits bus électriques comportant une quinzaine de places pour les personnes se déplaçant difficilement.  Cette manière de voir les choses, c'est mettre en valeur toute la ville au lieu de se concentrer exclusivement sur le Nord de la ville comme le dit la majorité.  Cela dit, même cette notion de nord et sud est risible, on parle d'un pôle "nord" et d'un pôle "sud" séparés de ... 300 mètres?"

A Namurchouette, loin de prendre parti, nous avons voulu rétablir un équilibre entre les positions. Cela ne nous empêche pas d'être ouvert aux autres opinions.

Pour réagir à cet article: namurchouette@gmail.com

         

vendredi 6 novembre 2015

Li Chwès: l'actu côté terroir!

Namur langue et culture wallonnes

Depuis plus de 20 ans, l'ASBL "Li Chwès" édite le mensuel wallon du même nom.  Deux décades après sa naissance, la structure gère aussi une saison théâtrale wallonne dans la salle du Cinex à Namur et un festival de théâtre en wallon pour jeunes. Nous avons donc rencontré Charles Massaux, l'homme-orchestre de toute cette activité culturelle.

Namurchouette: Peut-on rappeler ce qu'est "Li Chwès"?

Charles Massaux: C'est un mensuel de 24 pages rédigées en wallon.

NC: Et d'où vient ce nom?

C.M.: En réalité, "Li Chwès" désigne le vrai Namurois.  Il s'agit du diminutif du prénom François (Francwès en wallon).  Les Namurois s'appelaient entre eux "Hé Cwès".  Au fil du temps, un "h" est venu se glisser dans ce mot mais j'ignore son origine.

NC: Que répondez-vous aux détracteurs du wallon qui insistent sur l'image vieillotte qu'il véhicule?

C.M.: Je pense que les jeunes se désintéressent parce qu'on ne les y intéresse pas.  Cette situation est due au politique.  Un décret existe, il est l'oeuvre de Valmy Féaut, ancien ministre, ancien gouverneur de la Province du Brabant wallon et écrivain wallon.  Il encourage la pratique du wallon à l'école. Malheureusement, il n'est pas appliqué.  Promouvoir le wallon à l'école n'est pas chose facile.  Il faut trouver des enseignants qui connaissent le wallon et sont motivés.  Ils doivent ensuite attendre le feu vert de la direction.  En général, les réactions sont plutôt négatives.  L'opinion publique considère qu'il est plus utile, pour les enfants de faire du néerlandais, de l'anglais, de l'informatique ou du chinois que du wallon.  Dans ce cadre-là, vous avez régulièrement les réactions négatives des associations de parents.

NC: Vous avez un cas concret?

C.M.: Oui, à l'école communale de Flawinne, près de Namur, cela se passe bien.  Une institutrice motivée écrivait des saynète en français et les faisait jouer à ses élèves lors de la fête de l'école.  Elle a décidé de faire la même chose en wallon. Elle m'envoie ses écrits et je les lui traduis en wallon.  Elle anime ensuite une activité centrée sur la langue wallonne mais elle se déroule en dehors des heures scolaires (le samedi et/ou le mercredi après-midi).  Ces élèves sont présents chaque année lors de notre festival Joseph Calozet.

NC: Et ce festival Joseph Calozet, on peut en parler?

C.M.: Oui, chaque année, nous proposons aux troupes de théâtre et aux écoles de réunir leurs jeunes lors d'un festival qui n'a rien d'une compétition.  Cela se déroule au Cinex, rue Saint-Nicolas à Namur. Le but est de mettre en valeur ces jeunes qui s'intéressent au wallon, les troupes qui leur font une place et de permettre aux acteurs du wallon une rencontre sur ce thème.

NC: Mais vous avez aussi une saison de théâtre en wallon?

C.M.: Oui, nous proposons à nos lecteurs et à toutes les personnes intéressées par les spectacles en wallon une saison de six pièces, six comédies jouées majoritairement par des troupes de la province de Namur.  A l'origine, nous voulions aider ces troupes à avoir une vitrine sur Namur.  Louer le théâtre royal ou la maison de la culture de la Province de Namur est impossible soit financièrement soit en termes de taux d'occupation de la salle.  Chez nous, les troupes sont payées.  En général, elles sont presque assurée de faire salle comble.  Tous nos spectacles se déroulent le dimanche à 15h.  Cette année, cela commence le dimanche 22 novembre, à 15h, avec «  22 V’là m’feume »
par  « L’Amitié Sauvenièroise » de Sauvenière.

Pour plus d'infos sur "Li Chwès": http://www.lichwes.be/

mercredi 4 novembre 2015

Des hôpitaux pas encore au top!

Le monde vu par Estelle

Estelle est une jeune trentenaire à mobilité réduite qui, au fil des semaines, nous livre sa vision de Namur vue de son fauteuil.  Elle nous parle aussi de son quotidien et de ses états d'âme.

Coup de gueule

En ce vendredi 23 octobre, Estelle revenait sur l'accueil qu'elle a reçu lors de sa dernière visite dans un hôpital.  "Globalement, ce n'est pas parce que l'on est compagne ou compagnon d'une personne à mobilité réduite que l'on doit nous oublie", déclare-t-elle.

Concrètement, tant Estelle que son compagnon sont à mobilité réduite.  Victime d'un souci de santé, son compagnon a dû se faire opérer.  On imagine le stress bien naturel!  "L'opération se déroulait dans un hôpital bruxellois.  Nous nous sommes levés très tôt, nous avons pris le train et les transports en commun.  Pour nous, c'est déjà toute une aventure!."

Malheureusement, l'histoire ne fait que commencé, une fois sur place, la considération qu'on a porté au couple n'était pas celle qu'il était en droit d'attendre. "Personnellement, une fois dans la chambre, il est parti et je n'ai eu aucune information, je me suis sentie un peu délaissée. J'ignorais quand il allait exactement au bloc opératoire.  C'est moi qui ai dû le demander. Je trouve cela dommage et triste!"

On peut se demander si la mésaventure s'apparente à de la discrimination à l'égard de personnes moins valides.  "Je pense que le phénomène a peut-être été un peu amplifié par le fait que j'étais en chaise.  Maintenant, je suis consciente que cela doit sûrement arrivé à des gens valides.  Psychologiquement, c'est lourd et cela demande un accompagnement.  On vit les mêmes stress que le patient.  Le personnel se focalise sur les personnes qui vivent l'intervention et oublie un peu les accompagnateurs, c'est dommage!"

Le coup de gueule est motivé par quatre longues heures d'attente.  "Il est parti au bloc un peu avant 12h30 et quand je suis repartie vers 16h30, il n'était toujours pas remonté.  Jamais personne n'est venu me voir pour me dire: "voilà, c'est fini, ne vous tracassez pas, il est en salle de réveil." Si je ne demandais pas, on ne me posait pas la question."

La morale de cette histoire? "Le monde évolue.  Aujourd'hui, le personnel hospitalier doit être aussi proche des patients que des familles et amis de ceux-ci. C'est frustrant de se rendre compte qu'à cette époque-ci ce genre de questions se pose encore!"

Retrouvez Estelle, chaque vendredi, entre 18 et 19h, dans l'émission Namurchouette sur RUN (www.run.be - 88.1fm)    

mardi 3 novembre 2015

Bourse Win Win: demandez le programme!

Namur Social

Depuis quatre ans, elle a changé les relations entre les associations, les entreprises et les commerçants namurois.  Elle, c'est la bourse d'échanges "Win Win".  Ici, pas d'argent, pas de formalité ou de formalisme inutile, on joue sur la convivialité et les rapports humains et ça marche!

Oui, depuis 5 ans, la bourse d'échanges Win Win de Namur marque le paysage associatif namurois. Malheureusement, jusqu'ici, les entreprises et les commerçants semblaient un peu plus frileux. Mais, au vu du succès de la dernière réunion d'information organisée au Palais provincial de Namur le 26 octobre dernier, tous les espoirs sont permis.  En effet, photographes indépendants, entreprise de fauteuils ou simples commerçants, ils étaient 23 à avoir fait le déplacement, un record pour une soirée d'info!

Comment expliquer ce succès

"Nous sommes une bonne équipe, souligne Anne Bister, employée du CPAS de Namur et coordinatrice de la bourse.  Les partenaires sont fidèles et sont restés motivés au fil du temps. Pourtant, le mixte entre associations, institutions, commerçants et entreprises n'était pas gagné au départ."

Et cette recette namuroise fait mouche.  Aujourd'hui, quand une ville veut se lancer dans l'organisation d'une nouvelle bourse, on cite Namur en exemple.  "Rendons quand même à César ce qui lui apparient.  Le concept de cette activité vient des Pays-Bas et s'est installé en Belgique grâce à la Fondation Roi Baudouin et la Fondation Parisbas Fortis Banque.  La première bourse a été organisée à Liège.  Mais c'est vrai que, aujourd'hui, on nous cite régulièrement en exemple."

Quelques secrets de ce succès?  Prenez une grande salle, celle du SPW Boulevard du Nord à Namur, un animateur un peu fou, Vincent Pagé, un gong de légende, celui de l'académie de musique d'Eghezée et la fourmilière s'anime.  Les participants grouillent d'un espace à l'autre, interpellant les stewards issus de l'Ecole supérieure des Affaires de Namur, s'agglutinant autour de l'animateur.  Si les plus chanceux multiplieront les échanges en discutant confortablement assis autour d'un verre de vin et d'un sandwiche, chacun repartira, au moins, avec quelques idées dans l'escarcelle ou quelques cartes de visite dans la poche.  

La liberté comme mot d'ordre

Et oui, pendant la bourse Win Win, on fait ce que l'on veut.  Certains sont très organisés et savent exactement et ce qu'ils proposent et ce qu'ils veulent.  Ils ont même parfois composer, dans leur tête, un "horaire de consultation" des autres participants.  D'autres, en revanche, se lancent au "feeling". Lors de leur inscription, ils ont cité quelques exemples de ce qu'ils peuvent proposer et de ce qui leur ferait plaisir.  Mais cela ne les empêche pas de rester ouverts à d'autres propositions!

Inscription: uniquement via le net

Le sésame pour accéder à cette soirée magique, c'est votre inscription qui se déroule, en quelques clics sur le site www.winwin.be/namur. Dès ce moment, vous recevrez un catalogue des offres et demandes mais sans les adresses des offreurs et demandeurs.  C'est lors de la bourse que vous recevrez ce document complet.  Ce système vous semble compliqué?  Pas de panique, une nouvelle zone sera spécialement dédiée aux nouveaux arrivants.  Il vous est aussi possible de téléphoner au CPAS: 081/337 303.

Attention, il ne vous reste que quelques jours pour vous inscrire (les inscriptions se clôturent le 10 novembre).
  

lundi 2 novembre 2015

La prostitution, un monde à part et un métier qui veut plus de droits!

Namur Expo & débat

Depuis le 26 octobre dernier et jusque demain, l'ASBL Espace P... , la Province de Namur et ses partenaires de la plateforme de lutte contre les violences faites aux femmes vous proposent une exposition intitulée "Passez derrière le rideau".  En 2010, Espace P... Bruxelles et le photographe Frédéric Pauwels dévoilaient au public un visage différent, sensible et profondément humain de la prostitution à travers l'exposition Passez derrière le rideau. L'envie commune était de lever des tabous, combattre des clichés, contribuer à changer les mentalités auxquelles les personnes prostituées sont confrontées dans leur vie : incompréhension, jugement, intolérance, préjugés... Cette humanité, nous l'avons retrouvée dans le film intitulée "les travailleuses du sexe" et le débat qui a suivi.

Lundi 26 octobre, le Quai 22, le nouvel espace culturel fruit d'une collaboration entre la Ville, la Province et l'Université de Namur, fait salle comble.  Pourtant, à l'affiche, pas de grosses productions made in USA mais le film, "les travailleuses du sexe", donne un autre éclairage sur un métier rempli de clichés et assez méconnu.

Après la projection, des visages s'installent, des femmes se lèvent et osent s'affirmer comme travailleuses du sexe.  Sonia, Talya et Julie ne sont pas là pour raconter leur histoire.  Non, elles se mobilisent pour changer l'image de leur métier.  Selon elles, si le métier n'est pas banal, il est indispensable au bon fonctionnement d'une société et si elles ont des devoirs, elles doivent au moins jouir des droits correspondants.

"Arrêtons de voir la prostitution au travers de l'image qu'en donne le cinéma, explique Sonia.  Nous ne sommes pas toutes, heureusement, soumises à un proxénète.  Il y a une prostitution consentie.  Comme tous les professionnels qui travaillent dans le social, dans l'humain, le quotidien des personnes prostituées est fait d'émotions.  Nous éprouvons de grandes joies, des petits bonheurs et nous vivons aussi des moments difficiles."

"Toutes les prostituées ne sont pas forcées, confirme Christian Meuleneers de l'ASBL Surya qui lutte contre la traite des êtres humains.   Nous en avons bien sûr mais il faut distinguer les choses.  Certaines filles croyaient venir en Belgique exercer un métier de vendeuse et se retrouvent sur un trottoir.  D'autres savaient très bien qu'elles venaient se prostituer mais le pourcentage que leur laisse leur proxénète ne leur permet pas de vivre décemment.  Cela ne relève pas de la prostitution forcée mais d'un vrai dossier d'exploitation économique des êtres humains."   

"Officiellement, il n'y a pas de prostituée déclarée comme telle en Belgique, lance encore Sonia.  J'ai donc déclaré que j'étais coiffeuse, masseuse, hôtesse. Mais, concrètement, comme prostituée, je n'ai droit à rien.  Je n'aurai pas de pension, pas de sécurité sociale ni d'allocation de chômage pour les filles qui sont virée d'un salon."

Nathalie Hautenne est substitut de l'auditeur du travail à Namur.  "Pour la loi belge, pour bénéficier de la sécurité sociale, du chômage ou d'une pension de retraite, il faut avoir régulièrement cotisé et avoir un vrai contrat de travail.  C'est rarement le cas pour les prostituées.  Mais le droit évolue, on peut imaginer qu'un jour la législation change."

De changement, c'est bien de cela que rêvent certaines prostituées.  Si les règlements doivent être modifiés, il faut d'abord que les mentalités évoluent.  "Aujourd'hui, si je suis issue de la prostitution, je me définis plutôt comme assistante sexuelle, confie Taylia.  Quand Espace P m'a parlé de ce métier, je ne savais que je pouvais être là pour aider ou accompagner des personnes handicapées dans leur sexualité.  Au fil du temps, je vis tellement de belles émotions que je ne regrette pas mon choix."

Si cet accompagnement s'adresse autan aux handicapés physiques que mentaux, il prouve aussi toute l'humanité de ce milieu et de ce métier. "Je suis tenancière d'un salon de prostitution, explique Julie.  Je suis française et je suis venue travailler en Belgique.  dans mon expérience, j'ai croisé une fille autiste prostituée.  Au début, il a fallu qu'on s'adapte à elle.  Mais ensuite tout s'est bien passé.  Après quelques temps, elle a quitté ce monde de la prostitution pour entamer une autre vie.  Je suis contente d'avoir pu l'aider.  je garde une belle relation avec elle."