dimanche 19 juin 2016

Le Wallon: c'est un peu de nos racines qui s'en va

Association Li Chwès

Depuis plus de 5 ans, Namurchouette tente de vous distiller une autre info, plus associatif, plus positif, bref, plus proche de vous.  Proche des auditeurs, des lecteurs, des citoyens, c'est être proche de toutes et tous!  Dans les bistros, les entreprises, les chantiers, les fêtes populaires, on en entend encore des bribes, ça et là... Vous l'ignorez sans doute mais c'est bien du wallon comme la "dringuelle", la "rawète" ou le fameux "cougniet" de fin soirée.  Depuis plus de 20 ans, Charles Massaux en avait fait la spécificité d'un mensuel "Li Chwès".  En ce mois de juin, le dernier numéro de ce journal pas comme les autres sortait.  Comme un dernier bon mot, li "Grand Châle" pourrait dire: "une page se tourne!"

En 1994, pendant les "Fêtes de Wallonie" de Namur, la petite section wépionnaise de Présence et Action Culturelles crée l'événement en lançant une feuille A3 pliée en deux et rédigée dans une langue bizarre, le wallon, "Li Chwès" était né.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que le nouveau né n'a pas sa langue dans sa poche.  Il faut dire que Charles Massaux, son père, est tout sauf insipide.  Billets d'humeur, recettes de cuisine, Almanach ou histoires drôles, tout cela dans une langue wallonne namuroise savoureuse, la formule fait mouche.  

Ce qui ne devait être qu'une action limitée dans le temps deviendra une véritable institution.  200 puis 400 et enfin 800 abonnés, le succès grimpe en flèche mais pas question pour Charly de prendre la grosse tête.  Il gardera d'ailleurs pied à pied son indépendance de pensée et d'écriture.  Loin des puristes, cuistres de tout poil et autres penseurs en chambre plus prompts à donner des leçons qu'à écrire des articles, Charly parle aux gens d'ici, aux petites gens, comme il dit, ceux des quartiers des Balances ou de Plomcot, ceux qu'on appelle "les p'tits vieux" et qui, une fois parqués dans les homes, reçoivent l'infirmière, le médecin ou le kiné pour toute visite.  

Pendant 20 ans, Charles Massaux s'est attelé à sortir le wallon de sa léthargie et de sa démarche contemplative.  Avant lui, la majorité des écrits en wallon se cantonnait à une poésie doucereuse et bien pensante.  

Et il ne s'est pas contenté de cela!  Aujourd'hui, Li Chwès, ce sont trois émissions de radio, une maison d'édition et une saison de théâtre dialectal à prix démocratique au cœur du quartier Saint-Nicolas, dit des Arsouyes, un des plus populaires du vieux Namur.

Mais, si l’œuvre ne se clôture pas avec la fin de son mensuel, son plus grand mérite est déjà d'avoir su montrer qu'on pouvait parler de tout en wallon et que, dans le monde actuel, une langue régionale était un plaisir et devait le rester.  Même si on est très loin des sujets traités par la jeune équipe de notre équipe radio, cela valait bien un coup de chapeau.