lundi 2 novembre 2015

La prostitution, un monde à part et un métier qui veut plus de droits!

Namur Expo & débat

Depuis le 26 octobre dernier et jusque demain, l'ASBL Espace P... , la Province de Namur et ses partenaires de la plateforme de lutte contre les violences faites aux femmes vous proposent une exposition intitulée "Passez derrière le rideau".  En 2010, Espace P... Bruxelles et le photographe Frédéric Pauwels dévoilaient au public un visage différent, sensible et profondément humain de la prostitution à travers l'exposition Passez derrière le rideau. L'envie commune était de lever des tabous, combattre des clichés, contribuer à changer les mentalités auxquelles les personnes prostituées sont confrontées dans leur vie : incompréhension, jugement, intolérance, préjugés... Cette humanité, nous l'avons retrouvée dans le film intitulée "les travailleuses du sexe" et le débat qui a suivi.

Lundi 26 octobre, le Quai 22, le nouvel espace culturel fruit d'une collaboration entre la Ville, la Province et l'Université de Namur, fait salle comble.  Pourtant, à l'affiche, pas de grosses productions made in USA mais le film, "les travailleuses du sexe", donne un autre éclairage sur un métier rempli de clichés et assez méconnu.

Après la projection, des visages s'installent, des femmes se lèvent et osent s'affirmer comme travailleuses du sexe.  Sonia, Talya et Julie ne sont pas là pour raconter leur histoire.  Non, elles se mobilisent pour changer l'image de leur métier.  Selon elles, si le métier n'est pas banal, il est indispensable au bon fonctionnement d'une société et si elles ont des devoirs, elles doivent au moins jouir des droits correspondants.

"Arrêtons de voir la prostitution au travers de l'image qu'en donne le cinéma, explique Sonia.  Nous ne sommes pas toutes, heureusement, soumises à un proxénète.  Il y a une prostitution consentie.  Comme tous les professionnels qui travaillent dans le social, dans l'humain, le quotidien des personnes prostituées est fait d'émotions.  Nous éprouvons de grandes joies, des petits bonheurs et nous vivons aussi des moments difficiles."

"Toutes les prostituées ne sont pas forcées, confirme Christian Meuleneers de l'ASBL Surya qui lutte contre la traite des êtres humains.   Nous en avons bien sûr mais il faut distinguer les choses.  Certaines filles croyaient venir en Belgique exercer un métier de vendeuse et se retrouvent sur un trottoir.  D'autres savaient très bien qu'elles venaient se prostituer mais le pourcentage que leur laisse leur proxénète ne leur permet pas de vivre décemment.  Cela ne relève pas de la prostitution forcée mais d'un vrai dossier d'exploitation économique des êtres humains."   

"Officiellement, il n'y a pas de prostituée déclarée comme telle en Belgique, lance encore Sonia.  J'ai donc déclaré que j'étais coiffeuse, masseuse, hôtesse. Mais, concrètement, comme prostituée, je n'ai droit à rien.  Je n'aurai pas de pension, pas de sécurité sociale ni d'allocation de chômage pour les filles qui sont virée d'un salon."

Nathalie Hautenne est substitut de l'auditeur du travail à Namur.  "Pour la loi belge, pour bénéficier de la sécurité sociale, du chômage ou d'une pension de retraite, il faut avoir régulièrement cotisé et avoir un vrai contrat de travail.  C'est rarement le cas pour les prostituées.  Mais le droit évolue, on peut imaginer qu'un jour la législation change."

De changement, c'est bien de cela que rêvent certaines prostituées.  Si les règlements doivent être modifiés, il faut d'abord que les mentalités évoluent.  "Aujourd'hui, si je suis issue de la prostitution, je me définis plutôt comme assistante sexuelle, confie Taylia.  Quand Espace P m'a parlé de ce métier, je ne savais que je pouvais être là pour aider ou accompagner des personnes handicapées dans leur sexualité.  Au fil du temps, je vis tellement de belles émotions que je ne regrette pas mon choix."

Si cet accompagnement s'adresse autan aux handicapés physiques que mentaux, il prouve aussi toute l'humanité de ce milieu et de ce métier. "Je suis tenancière d'un salon de prostitution, explique Julie.  Je suis française et je suis venue travailler en Belgique.  dans mon expérience, j'ai croisé une fille autiste prostituée.  Au début, il a fallu qu'on s'adapte à elle.  Mais ensuite tout s'est bien passé.  Après quelques temps, elle a quitté ce monde de la prostitution pour entamer une autre vie.  Je suis contente d'avoir pu l'aider.  je garde une belle relation avec elle."

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