samedi 12 décembre 2015

Nous voulons vivre ensemble!

Namur Monde associatif - Monde étudiant - Institutions

Ainsi va l'actualité, le 13 novembre dernier, un cataclysme touchait Paris et, par ricochet, toute l'Europe.  Avant cela, les foules ont versé une larme devant le corps d'un bébé syrien mort sur une plage turque.  Après les attentats de Charlie Hebdo comme après le dernier séisme parisien, Namurchouette a lancé une émission spéciale.  Et un mois plus tard, que reste-t-il de tout cela?

Le mercredi 18 novembre dernier, des étudiants organisaient une manifestation silencieux place d'Armes.  Deux jours plus tard, c'était au tour du monde associatif de se réunir au Grognon pour soutenir le modèle de vivre ensemble namurois. Nous étions là, nous avons recueilli certains réactions soit sur place pendant l'émission spéciale qui a suivi.

"Nous devons soutenir, toutes confessions, toutes religions et toutes philosophies confondues, la communauté musulmane, explique Joël Renard, président du Centre d'Action Laïque de la province de Namur.  Il est insupportable de penser que des amalgames puissent être faits entre des personnes que nous côtoyons tous les jours, de pauvres gens qui fuient la terreur et la guerre et des monstres sanguinaires. Nous devons encore et encore expliquer, manifester et convaincre pour éviter la montée de quel qu'extrémisme que ce soit."

Aujourd'hui, à la veille du second tour des élections régionales françaises, après le constat de la montée du Front National lors du premier tour, ces mots prennent toute leur signification.  Pourtant, si les idées avaient gouverné la France, les Français n'auraient jamais découvert les noms et talents comme ceux de Belmondo, Bruel, Moustaki, Picasso, Dany Boon, Cloclo, Johny Haliday ou Nagui.

Pour ne pas en arriver là, associations et institutions namuroises se mobilisent.  Ainsi, le Centre d'Action Interculturelle de la province de Namur et la Province de Namur ont conçu, imprimé et diffusé, via les Plans de Cohésion social des Communes namuroises, un dépliant expliquant l'action des institutions publiques dans l'accueil des réfugiés.

"Par cette action, nous réaffirmons nos valeurs de solidarité et de tolérance, explique Fabien Martin, président du CAI.  Ces terroristes n'ont rien à voir avec la religion et veulent simplement détruire notre modèle sociétal."

Dernier acte, l'accueil des réfugiés dans le Namurois s'opère, entre autres, par un comité de bénévoles.  "Nous avons de grands besoins, expliquait Xavier Istasse.  Nous nous retrouvons avec beaucoup d'hommes seuls qui n'ont rien d'autre que les vêtements qui portent sur eux.  Ils sont hébergés dans une ancienne caserne, ils disposent donc de couverture.  Nous sommes donc à la recherche de vêtements chauds (veste, pulls, écharpes, bonnets, gants, moufles, etc...).  Nous sommes aussi à la recherche de bénévoles."

Ces événements malheureux donnent à certains esprits tortueux l'envie d'exprimer le rejet de l'autre aussi via une pseudo bonne conscience sociale.  Sur les réseaux sociaux, que ne voit-on pas fleurir des messages du type "comment se fait-il que des SDF logent dehors et qu'un Afghan vient de faire condamner l'Etat belge à le loger décemment." Sachons affirmer et réaffirmer avec force qu'il n'y a pas de hiérarchie entre les vies humaines. Tentons aussi d'expliquer que chaque problème, chaque réalité sociale doit trouver une issue qui lui est propre.  Enfin, fermons la porte aux quelques irréductibles que nous ne convaincrons jamais! Il serait sans doute temps, enfin, que les médias délaissent un peu l'immédiateté de la relation factuelle pour se replonger dans une analyse bien salutaire.  
      

lundi 7 décembre 2015

"Pourquoi devons-nous toujours nous excuser?"

Abdel la réaction d'un musulman

Dans le débat, Abdel, un animateur du quartier namurois des Balances a voulu prendre la parole. Pour lui, la pression mise sur la communauté musulmane est insupportable.

Pourquoi doit-on se manifester?

Pour certains observateurs, la communauté musulmane tant en France qu'en Belgique se fait trop discrète.  "Pourquoi doit-on toujours se justifier voire s'excuser, s'exclame Abdel!  Demande-t-on aux chrétiens de s'excuser à chaque fois qu'un conflit éclate entre deux communautés religieuses? Pourquoi doit-on toujours nous qualifier de musulmans modérés?"

L'animateur de quartier de rappeler que l'islam, en Belgique, c'est plus de 99% de personnes qui ont toujours vécu leur foi dans la paix, qui ont toujours eu à cœur de s'intégrer.  Malheureusement, beaucoup de Belges ou de Français versent dans l'amalgame et oublient que les premières victimes de l'islamisme sont précisément les musulmans.  

Et l'histoire donne raison aux spécialistes qui craignent que l'opinion publique plonge dans une dérive sécuritaire.  Le progrès du Front National français lors des dernières élections régionales, l'arrogance de ses responsables qui n'hésitent plus à se définir comme la petite nièce du diable.

Heureusement, l'actualité belge nous donne quelques raisons d'espérer puisque la Fédération Wallonie Bruxelles investit dans la création d'un islam de Belgique en investissant dans la formation des imams et en refusant les influences ou mains mises étrangères dans le culte respecté en Belgique.

"A tous ceux qui ne connaissent pas l'islam ou le coran, je leur dis et répète fermement que notre livre sacré nous interdit de tuer ou de faire couler le sang humain car, selon notre dieu, l'homme est sacré!"  Enfin, à Arlon, les Belges ont su donner un bel exemple du vivre ensemble.  En effet, dans la capitale du Luxembourg belge, la communauté musulman est venue en aide à la communauté juive en lui permettant de célébrer ses offices dans la mosquée alors que la synagogue est à rénover.
     

Laisser du temps au temps

Attentats de Paris l'aide aux victimes

Après les attentats de Paris, Namurchouette a voulu faire le point sur ce qui s'était passé et comment le gérer.  Après avoir entendu le discours sans langue de bois du journaliste, photographe et caricaturiste namurois André Dubuisson, Marie-Paul Delfosse, responsable de l'accueil aux victimes de la zone de police Sombreffe-Sambreville a tenu à intervenir dans le débat.

Laisser les douleurs s'exprimer

Comme citoyens, nous sommes un grand nombre à avoir éprouvé une difficulté à vivre ces moments pénibles.  Rien à voir cependant avec les victimes ou familles de victimes!  "Cela prendra du temps, affirme Marie-Paul Delfosse.  Se relever d'un tel drame se fait par étape.  Il faut d'abord laisser l'émotion, la douleur s'exprimer.  Ensuite, la règle la plus importante, c'est de se dire qu'il n'y a pas de règle.  Certains s'enfermeront dans la solitude pour se ressourcer.  D'autres, par contre, auront besoin de voir du monde et de parler, de se noyer dans le travail ou de faire la fête pour exorciser la peur!"

En parler avec les enfants

Si les parents, les adultes que nous sommes ont protégé les enfants comme ils ont pu, nous n'avons pas pu les préserver totalement d'images parfois inutilement violentes.  "Il est important de ne pas les laisser seuls avec ces visions d'horreur!  Il faut en discuter avec eux, les rassurer mais sans leur mentir et en leur faisant comprendre qu'on adapte notre discours à eux: ni trop simpliste ni trop adulte!"

Et puis pour Marie-Paul aussi, quelques erreurs ont été commises.  "Il ne faut pas stigmatiser une catégorie de la population et je n'ai pas de mot assez durs pour condamner le discours d'Eric Zeimour qui veut bombarder Molenbeeck.  Même si cela se voulait un trait d'humour, pour moi, ce n'est pas drôle, il y a des limites!"  

dimanche 22 novembre 2015

Pas de pneu hiver pour les fauteuils roulants

Namur Témoignage

Depuis quelques semaines, les auditeurs de Namurchouette ont fait la connaissance d'Estelle, une jeune trentenaire à mobilité réduite.  Après son "coup de gueule" contre les transports en commun, sa condition de personne à mobilité réduite et la réaction que son statut suscite auprès du grand public et son désir d'être maman, elle évoque aujourd'hui un problème bien de saison, ses déplacements durant l'hiver.

Fin novembre, les premières gelées matinales accompagneront bientôt la brume ou l'épais brouillard. Sur les routes et les trottoirs, le sel engagera son long combat contre la neige et le verglas. Tous les Namurois y sont habitués et tous ont la capacité de s'y préparer.  Tous, vraiment?  

Si les automobilistes et les motards ont des pneus hiver voire des chaînes, pour les cyclistes, la situation est moins drôle. Mais, comme les piétons, ils peuvent adapter leur équipement en choisissant de bonnes chaussures et des vêtements chauds.  Et puis, un cycliste habitué trouve l'habileté nécessaire pour éviter les chutes.  Il reste une catégorie de personnes à laquelle on ne pense jamais dans ces circonstances, les P.M.R. pour personnes à mobilité réduite.

"Les pneus de ma chaise sont pleins, explique Estelle.  Je n'ai donc aucune suspension.  dans le même temps, ils sont lisses. Quand il fait sec ou même sous la pluie, cela ne pose pas de problème particulier.  Par contre, en cas de neige ou de verglas, je peux glisser ou patiner."

Et les conséquences? "Elles peuvent être lourdes dans tous les sens du terme.  Mon fauteuil pèse 200 kilos, la coque dans laquelle je suis assise est solidaire de la structure.  Si je dérape et que le fauteuil se retourne, je suis écrasée sous les 200 kilos."

La solution? "La prudence ou l'absence de déplacement.  Je rêve donc d'une période hivernale clémente et courte."      

"On est entré dans un grand show médiatique"

Namur Réactions face au terrorisme

Le vendredi 13 novembre dernier, le monde était secoué par les attentats de Paris.  Namur ne fait exception à la règle. Après les étudiants de l'université, les représentants des mouvements philosophiques, religieux, politiques et des institutions publiques ont tenu à affirmer ou réaffirmer leur volonté de vivre ensemble.  L'émission Namurchouette n'est pas restée insensible à l'initiative. Un débat s'est tenu vendredi 20 novembre, entre 19 et 20 heures.  

Une info spectacle

Le premier plateau m'a permis d'accueillir André Dubuisson.  Si on connaît bien le directeur du Jeune Ballet de Namur, on n'en oublie pas le photographe, le journaliste et le caricaturiste du magazine namurois Confluent.  On sait que l'homme n'a ni sa plume ni sa langue dans sa poche.

Au départ, ce qui m'avait marqué dans le traitement des événements tant par les médias que les réseaux sociaux ou les populations belges et françaises, c'est cette forme d'emballement.  Elle s'est exprimée, entre autres, lors de la découverte d'un passeport syrien au Stade de France et pendant un reportage du Petit Journal de Canal Plus où l'on voyait un jeune proposer au journaliste de lui acheter des images de l'assaut de Saint-Denis prises avec son téléphone portable. Si la communication du Procureur de la République de Paris expliquait simplement qu'on avait retrouvé un passeport syrien au Stade syrien, les réseaux sociaux, certains médias et, finalement, les populations en avaient conclu qu'un des terroristes était un réfugié syrien jusqu'au moment où l'on a appris que ce passeport était un faux. 

"On est entré dans l'information spectacle, estime André Dubuisson.  On raconte tout et n'importe quoi.  Normalement, la déontologie journalistique impose de compiler et de recouper les informations que l'on s'apprête à diffuser.  La règle d'or était: "Deux sources, pas de source".  Pour qu'une info soit considérée comme fiable, il fallait que le journaliste puisse avoir trois sources indépendantes et concordantes.  Aujourd'hui, tout cela est balayé."

"Si tu n'as pas plus d'info, rentre chez toi, gamin!"

Et André Dubuisson de citer Coluche! "Il y a 20 ans, Coluche avait le sketch du journaliste.  A l'époque, c'était une fiction, aujourd'hui, c'est la réalité!"  Et le caricaturiste va plus loin: "Il est lamentable de voir des journalistes intervenir en direct dans un JT pour préciser ... qu'il n'a rien à dire!"

André fustige aussi le choix des images opéré par les rédactions: "Certaines images d'assaut sont très violentes.  Elles ont obligé les familles de victimes et les personnes les plus fragiles à vivre et revivre en boucle des moments douloureux.  J'ignore que cela peut apporter au débat."

Enfin, les politiques aussi en ont pris pour leur grade!  "Leur attitude est lamentable!  En Belgique, bizarrement, vous avez remarqué qu'on ne parle plus de contrats entre une ministre et un certain cabinet d'avocats?  Et puis, ça rime à quoi de voir un Premier Ministre venir dire à la tribune du Parlement qu'il a pris une batterie de décision.  Dans la réalité, on sait que ces personnalités ne prennent aucune décision avant qu'elle ne soit validée par un groupe d'experts pointus.  En France, l'attitude de Manuel Vals n'est pas plus intelligente.  Il a déclaré que la prochaine attaque pourrait être bactériologique.  Idéal pour créer une psychose!  Si les terroristes n'y avaient pas pensé, il leur en donne l'idée!"

   


lundi 16 novembre 2015

La SNCB loin du train-train quotidien ...

Chouette Mobilité

Après avoir évoqué son quotidien et ses rêves de maternité, Estelle, jeune trentenaire moins valide, nous raconte la difficulté vécue dans les transports.

Malgré son handicap, Estelle veut être une jeune femme autonome qui bouge, voit du monde et du pays.  C'est pourtant loin d'être aisé.  Si les technologies sont là pour l'aider, on n'est pas toujours sûr que les mentalités, elles, sont prêtes à évoluer.

"Dernièrement, j'ai dû me rendre à Bruxelles, raconte-t-elle.  j'ai étudié mon voyage.  Je savais que je devais descendre à la gare centrale et prendre le métro."  Cette petite phrase anodine constitue déjà, en soi, tout un programme.  En effet, cela sous-entend réserver une place dans le train 24 heures à l'avance et prendre un taxi adapté.

"Tout s'est très bien déroulé jusque Bruxelles.  Là, malheureusement pour moi, la porte s'est ouverte sur un mur qui ne laissait pas assez d'espace pour que l'on descende mon fauteuil.  Je l'ai fait remarquer aux personnes de la SNCB.  Elles m'ont répondu qu'elles ne pouvaient rien faire et que je n'avais qu'à descendre à Bruxelles-Midi."

Faut-il préciser que cette anecdote date du 21ème siècle, pas du 19ème? Le billet de train d'Estelle coûte le même prix que celui d'une personne valide.  Forte de ce constat et consciente de ses droits, elle proteste.  Le ton monte et on finit par lui dire qu'on n'a pas le temps de la descendre sur le quai.  

Heureusement, l'histoire ne s'arrête pas là!  "J'ai tellement protesté que c'est arrivé aux oreilles du chef de train qui s'est renseigné et a indiqué qu'il ne ferait pas repartir le train tant que je ne serais pas descendue.  Malgré le mécontentement de ses collègues, il a tenu bon et a obtenu du conducteur qu'il avance le train pour que je puisse sortir."

Sans être moralisateur, cette histoire nous enseigne plusieurs choses.  Il semble d'abord que les mentalités doivent encore évoluer.  Il apparaît ensuite que vivre normalement est souvent un combat pour les moins valide et que bien peu de valides en prennent conscience.  Enfin, si l'être humain est capable du pire, il offre aussi le meilleur à ses congénères.  Dans ces moments-là, q'il soit chef de train ou chef de rien, qu'il en soit remercié!