Le monde vu par Estelle
Estelle est une jeune trentenaire à mobilité réduite qui, au fil des semaines, nous livre sa vision de Namur vue de son fauteuil. Elle nous parle aussi de son quotidien et de ses états d'âme.
Coup de gueule

Concrètement, tant Estelle que son compagnon sont à mobilité réduite. Victime d'un souci de santé, son compagnon a dû se faire opérer. On imagine le stress bien naturel! "L'opération se déroulait dans un hôpital bruxellois. Nous nous sommes levés très tôt, nous avons pris le train et les transports en commun. Pour nous, c'est déjà toute une aventure!."
Malheureusement, l'histoire ne fait que commencé, une fois sur place, la considération qu'on a porté au couple n'était pas celle qu'il était en droit d'attendre. "Personnellement, une fois dans la chambre, il est parti et je n'ai eu aucune information, je me suis sentie un peu délaissée. J'ignorais quand il allait exactement au bloc opératoire. C'est moi qui ai dû le demander. Je trouve cela dommage et triste!"
On peut se demander si la mésaventure s'apparente à de la discrimination à l'égard de personnes moins valides. "Je pense que le phénomène a peut-être été un peu amplifié par le fait que j'étais en chaise. Maintenant, je suis consciente que cela doit sûrement arrivé à des gens valides. Psychologiquement, c'est lourd et cela demande un accompagnement. On vit les mêmes stress que le patient. Le personnel se focalise sur les personnes qui vivent l'intervention et oublie un peu les accompagnateurs, c'est dommage!"
Le coup de gueule est motivé par quatre longues heures d'attente. "Il est parti au bloc un peu avant 12h30 et quand je suis repartie vers 16h30, il n'était toujours pas remonté. Jamais personne n'est venu me voir pour me dire: "voilà, c'est fini, ne vous tracassez pas, il est en salle de réveil." Si je ne demandais pas, on ne me posait pas la question."
La morale de cette histoire? "Le monde évolue. Aujourd'hui, le personnel hospitalier doit être aussi proche des patients que des familles et amis de ceux-ci. C'est frustrant de se rendre compte qu'à cette époque-ci ce genre de questions se pose encore!"